Environnement
CONTRE VENTS ET TEMPÊTES

UN ANNU FÀ

Début de novembre 2023, la Corse est balayée par deux puissantes tempêtes. Entre le 3 et le 4, elle est d’abord touchée par Ciaran qui occasionne des pluies diluviennes et des rafales de vents atteignant les 130 km/h, provoquant de grosses inondations sur la côte Ouest de l’île. À Porto, le fleuve éponyme connait ainsi une crue historique atteignant 5,40 m, détruisant complètement le camping municipal, emportant des voitures et coulant de nombreux bateaux. À Sagone, le camping est là aussi tota lement submergé par les eaux et près de 200 vacanciers doivent être mis en sécurité en pleine nuit. Mais la puissance des éléments se déchaîne également dans le Centre Corse ; la situation est cataclysmique dans la vallée de la Restonica. Les torrents d’eau descendus de la montagne finissent par emporter le pont de Tragone et causent l’effondrement d’une partie du soutènement de la route départementale menant aux bergeries de Grutelle. Les canalisations d’eau potable desservant Corte sont également détruites, pendant qu’à quelques kilomètres on craint un temps le débordement du barrage de Calacuccia qui aurait pu être dramatique pour les villages environnants. À peine Ciaran partie, le 5, c’est au tour de la tempête Domingos de toucher l’île qui se remet à peine de ses émotions. Si elle semble de prime abord moins vio lente, elle n’en cause pas moins des dégâts importants. Le Tavignano en crue vient ainsi emporter le pont de Baliri, iso lant une vingtaine de personnes vivant dans ce quartier cor tenais de l’autre côté du fleuve. Et les trombes d’eau qui des cendent du ciel causent à nouveau d’importantes inondations et conduisent plusieurs dizaines de personnes à être mises en sécurité, principalement dans le nord de l’île. Cause directe de la succession de ces deux épisodes méditerranéens par ticulièrement virulents, plusieurs milliers de foyers insulaires se retrouvent sans électricité parfois durant de très nom breuses heures. De même, pendant près d’une semaine les transports sont très perturbés, aussi bien à l’intérieur de l’île où certaines routes demeurent impraticables et où le train est mis à l’arrêt sur plusieurs tronçons, qu’en mer où le trafic ma ritime est complètement perturbé durant près d’une semaine, et dans les airs avec plusieurs vols annulés ou déroutés. Le 7, le préfet de Corse et le président du Conseil exécutif se dé placent à Porto pour soutenir les pêcheurs qui ont été dure ment touchés. Ils constatent alors les plaies béantes laissées par Ciaran. De même que dans la vallée de la Restonica où KAMPÀ RÉTRO KAMPÀ ICN #7002 2 les reconnaissances aériennes laissent entrevoir une route hors d’usage qui nécessitera des travaux titanesques pour être reconstruite. Or, sans ce seul accès routier aux lacs de Melo et Capitello, hyper fréquentés durant une grande partie de l’année, on craint des conséquences économiques impor tantes pour le Cortenais. D’autant qu’on ne sait pas quand la route pourra être reconstruite, ni même si elle le sera un jour. À l’heure du bilan, alors que les agriculteurs déplorent leurs pertes, de nombreuses voix mettent en exergue que des épi sodes d’une telle violence font office de première et sont la nouvelle preuve d’un changement climatique qui s’emballe. Dans un autre registre, le 8, le gouvernement abonde l’enve loppe de dotation de continuité territoriale (DCT) de 40 mil lions d’euros. Une rallonge qui reste toutefois exceptionnelle alors qu’elle est pourtant essentielle pour assurer la péren nité des liaisons de service public. La DCT n’a en effet pas été revalorisée depuis 2009 et ce malgré l’inflation qui a fait exploser les prix des carburants et de facto ceux des rota tions entre la Corse et le continent. En politique, le nouveau mouvement Palatinu tient sa première assemblée générale le 18 à Francardo et ne cache pas ses ambitions électoralistes à cette occasion. Son leader, Nicolas Battini, espère fédérer autour de ses valeurs de nationalisme identitaire qui ont déjà séduit les plus de 500 adhérents à son association. Enfin, le 30, l’Assemblée de Corse se prononce à l’unanimité en faveur de l’attribution de la délégation de service public pour les lignes de bord à bord pour la période 2024-2027 à Air Cor sica, permettant aux salariés de la compagnie régionale de souffler provisoirement après quelques mois d’angoisse. Ce pendant, la DSP pour les liaisons entre les quatre aéroports corses et Paris reste encore à attribuer et pourrait compliquer les choses si elle était emportée par Volotea. n Manon PERELLI 

UN AN PLUS TARD La fin de l’automne s’approche et la Corse semble cette année avoir échappé aux violents épisodes méditerranéens caracté ristiques de la saison. Doit-on y voir un recul du changement cli matique ? Pas vraiment si on regarde ce qu’il s’est passé ailleurs au cours des dernières semaines. Les inondations dramatiques de la région de Valence, en Espagne resteront d’ailleurs l’un des évènements marquants sur le front du changement climatique. Et probablement l’un des premiers signes du naufrage.