Société
La loi anti-AirBnB, nouvelle arme pour lutter contre la spéculation

Alors que les meublés de tourisme gangrènent le marché du logement en Corse depuis de longues années, après l’adop- tion de la loi anti-AirBnB, le 7 novembre 2024, le conseiller territorial de Fà Populu Inseme, Don Joseph Lucioni, a profité de la séance de questions orales du 28 novembre pour interroger l’Exécutif sur les actions qui pourraient être envisagées pour faire face à ce phénomène et aux ravages de la spéculation foncière et immobilière sur l’île. Angèle Bastiani, la présidente de l’Agence de tourisme de la Corse, a indiqué qu’« entre 2022 et 2024, le nombre de meublés de tourisme a augmenté de manière notable. Pour la première fois, cette année, un pic de 30 000 logements mis en location de courte durée a été constaté, en août naturellement, ce qui représente 11,5 % des logements en Corse ». En parallèle « le chiffre d’affaires engrangé (qui) s’est accru rapidement : de 290 millions d’euros en 2022, nous avons atteint plus de 375 millions d’euros en 2024, soit une augmentation d’environ 30 %. L’enjeu dans la régulation de ces meublés touristiques est de freiner les investisseurs, parfois étrangers à l’île, qui achètent plusieurs résidences secondaires parfois. Leur but, précisément, c’est de les louer quelques mois à l’année seulement et profiter d’une défiscalisation que cette loi, à juste titre, vient tempérer », a-t-elle souligné en annonçant qu’une réunion dédiée au pouvoir de régulation des meublés de tourisme octroyé aux maires se tiendra courant décembre. « Elle vise à sensibiliser sur l’impact des meublés de tourisme et à partager les meilleures pratiques pour concevoir des régulations adap- tées aux spécificités de chaque territoire, tout en responsabilisant les élus locaux dans les mises en œuvre de ces politiques », a-t-elle détaillé. Dans la foulée, Julien Paolini, président de l’Agence d’aménagement durable, d’urbanisme et d’énergie de la Corse a pour sa part convenu que le « Padduc de 1 re génération n’a pas permis d’enrayer les phénomènes inflationnistes et spéculatifs sur les marchés foncier et immobilier », faute d’avoir « les moyens de ses ambitions », tout en relevant que cette loi anti-AirBnB « offre une opportunité qu’il convient de saisir. Dans le cadre d’un Padduc deuxième génération, nous pour- rons dans certains secteurs des communes dépourvues de PLU interdire la construction d’habitations nouvelles qui seraient destinées à la résidence secondaire. Pour celles qui disposent d’un PLU, elles auront la possibilité de définir elles-mêmes des secteurs « zéro résidence secondaire ».

MP