Culture
La seconde vie des images en mouvement

La seconde vie des images en mouvement

En 1936, le plasticien et réalisateur surréaliste Joseph Cornell créait un film de 19 minutes dédié à l’actrice Rose Hobart en utilisant pour ce faire des images trouvées dans des entrepôts, la plupart provenant d’un film de série B, À l’Est de Bornéo, où Rose Hobart tenait le rôle principal. Ce film de fan, collage de séquences ralenties associées à un plan d’éclipse, préfigurait un nouveau chapitre de l’art moderne, celui du found footage qui consiste à récupérer et réassembler des pellicules de films ou des bandes vidéo dans le but de fabriquer un autre film. Cette pratique va connaître un développement dès les années 1950 avec le mouvement de l’Internationale situationniste qui reprend des éléments propres à la culture de masse pour les subvertir et en exposer les contradictions. Cette déconstruction des représentations médiatiques (télévisuelles et cinématographiques) a, à son tour, influencé l’usage des images animées déjà produites et, avec l’avènement d’Internet et la prolifération des réseaux sociaux, le found footage a connu une expansion sans précédent. La démocratisation de l’accès aux images, facilitée par des plateformes comme YouTube, Vimeo ou encore les archives en ligne, a permis à un nombre croissant de personnes de s’approprier cette technique de récupération et de recyclage, non seulement dans l’art mais aussi dans la culture populaire. L’immense banque d’images à la disposition de tout un chacun permet d’explorer des thèmes variés et de développer un propos. De In Our Real Life, de Jason Hendrik Hansma qui a assemblé des vidéos d’amateurs trouvées en ligne sur internet entre 2018 et 2021 montrant des phénomènes météorologiques intenses et leurs impacts à Soliloquy (Sharon Stone) où Candice Breitz déconstruit la figure de la star hollywoodienne en isolant les moments où Sharon Stone prend la parole dans le film Basic Instinct, une trentaine d’œuvres sont présentées. «Ainsi, La Seconde vie des images en mouvement offre un panorama non exhaustif de ce phénomène de l’appropriation artistique qui rappelle que chaque créateur est aussi un spectateur dans nos sociétés où la circulation incessante des images, et l’économie de l’attention qui lui est associée, sont devenues un fait anthropologique majeur de ce xxie siècle» observerve Fabien Danesi, curateur de l’exposition. Du 6 novembre 2024 au 26 avril 2025 (du lundi au samedi, 10 h-17 h). Frac Corsica, Citadelle de Corte