Société
Les restaurants ne font plus recette

Les restaurants ne font plus recette, ou du moins plus autant que par le passé : baisse de fréquentation et diminution du montant de l’addition. Est-ce étonnant, cela dit, dans un contexte économique et social morose ? Pourtant, « aller au restaurant » reste associé à l’idée de plaisir, peut-être d’autant plus vif qu’il se fait rare. Mais le plaisir de quoi, au juste ? Des papilles ? Pas nécessairement. Du moins pas si on en croit ces propos du chef étoilé Assaf Granit, mis en exergue dans Le Parisien : « Les gens vont au resto pour être avec les autres, pas pour manger ». On a beau savoir qu’il faut toujours se garder de réagir au quart de tour à propos d’une phrase sortie de son contexte, les réseaux sociaux étant ce qu’ils sont, ça n’a pas loupé : non mais qu’est-ce qu’il raconte, çui-là ? Et d’ailleurs, qui c’est çui-là ? Un chef au départ autodidacte qui a puisé ses inspirations auprès de sa grand-mère, Lea, originaire d’Europe de l’Est. Une fois établie à Jérusalem, Lea y avait découvert des ingrédients, des épices et des savoir-faire issus d’autres cultures que la sienne et avait ainsi élargi ses horizons culinaires. Une démarche que poursuit son petit-fils. Et, de l’avis de ceux qui fréquenté un de ses restaurants, à Paris, Londres ou Berlin, on en sort comblé à plus d’un titre tant les plats sont exquis et généreux. En Italie, où on ne badine pas avec la qua lité de la nourriture, la presse ne tarit pas d’éloges à son sujet. Si sa petite phrase peut laisser supposer le contraire, l’homme n’est pas du genre à promouvoir un concept où le contenu de l’assiette est tout à fait secondaire du moment qu’on est plusieurs et que le cadre est flatteur. En revanche, n’en déplaise aux gourmets solitaires, la notion de convivialité lui semble très importante, tout comme, ainsi qu’il l’expliquait dans un autre média, italien cette fois, la possibilité de voir travailler le chef et de lui parler. Une polémique pour rien, donc ? Pas tout à fait. Elle permet constater que pour de nombreux Français, le « bien manger », s’il est désormais un peu trop hors de leur portée, reste essentiel et est le principale motif de franchir le seuil d’un établissement. Certains restaurateurs devraient peut être en prendre bonne note.

Elisabeth MILLELIRI