
Détecter pour mieux agir contre la précarité énergétique
« 60 000 personnes sont aujourd’hui en situation de précarité énergétique en Corse, ce qui correspond à environ 30 000 ménages. C’est 10 000 de plus qu’en 2016 » constate Marie-Dominique Paoli, chargée d’études à l’Agence d’aménagement durable, d’urbanisme et d’énergie de la Corse (AUE). Face à cette forme de mal logement qui s’installe, dans le cadre de la quatrième édition de la Journée nationale contre la précarité énergétique, l’AUE organisait une réunion du Conseil de l’énergie, de l’air et du climat de Corse le 12 novembre 2024 à Ajaccio. À cette occasion, l’AUE a souligné que si l’accompagnement des ménages confrontés à la précarité énergétique consiste souvent à octroyer des aides d’urgence pour les aider à régler leurs factures, cela ne permet cependant pas d’agir à la racine du problème. « Ce phénomène ne peut se résorber qu’au travers des rénovations énergétiques globales et performantes », souligne la chargée d’études de l’AUE. Or la majorité des ménages corses en situation de précarité énergétique vivent dans des logements anciens dont la consommation d’énergie est excessive et où, du fait de leurs revenus modestes, ils ne peuvent entreprendre des travaux. Différents dispositifs existent pour les y aider, mais le montage des dossiers, complexe et chronophage, les en dissuade souvent. Pour les accompagner « du montage du dossier administratif jusqu’à la restitution du chantier », l’AUE a mis en place le dispositif ORELI, voté en 2015 par l’Assemblée de Corse, qui a d’ores et déjà permis la rénovation de 154 maisons dont la moitié sont occupées par des ménages en situation de précarité énergétique. « Et nous sommes à 245 dossiers en cours de rénovation », ajoute Marie-Dominique Paoli. Mais il reste encore beaucoup de propriétaires de passoires thermiques qui n’ont pas franchi le pas pour demander cet accompagnement. Aussi l’AUE a-t-elle résolu de détecter ces ménages, en s’appuyant sur les travailleurs sociaux, les associations caritatives, le personnel médical, les élus de proximité et toutes les personnes qui sont en contact avec eux. « Nous avons notamment réalisé un atelier en juillet dernier sur comment détecter mieux et structuré un réseau d’acteurs de la détection. Il va falloir former ces personnes pour qu’elles détectent ces ménages et les renvoient vers nos dispositifs » reprend la chargée d’études. L’agence a également entrepris avec ses partenaires, comme l’État, de construire un dispositif permettant d’avoir un interlocuteur unique et de faire en sorte que les aides soient compatibles entre elles afin que les ménages les plus modestes n’aient plus de reste à charge.
MP