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Tombera ? Tombera pas ? La survie du gouvernement de Michel Barnier à une éventuelle motion de censure alimente conversations sur la toile, commentaires plus ou moins éclairés sur les plateaux des chaînes et prédictions de tous ordres et tous bords. Zeus lui-même se serait laissé aller à jouer la Pythie en y allant de sa prophétie, pour lâcher en « off » le 25 novembre que le gouvernement tomberait « et plus tôt qu’on ne le pense » suite une motion de censure soute nue par le RN. C’est du moins ce qu’affirme Le Parisien. Mais l’Élysée a démenti, déclarant que « Le président de la République n’est pas un commentateur de l’actualité. Le gouvernement est au travail et le pays a besoin de stabilité ». Quoi qu’il en soit, le pronostic ne semble guère troubler une bonne partie de l’opinion, si on en croit les résultats d’un sondage Ipsos pour La Tribune Dimanche : 53 % des Français souhaiteraient qu’à l’occasion du vote du bud get, le gouvernement Barnier soit censuré et que cela entraîne sa démission. Du côté des premiers intéressés, une certaine fébrilité se fait jour. On brandit le spectre d’un scenario à la grecque ; on an nonce séisme, tempête ; on évoque la perspective d’un shut-down, mesure prévue par la Constitution américaine qui, lorsque le Congrès ne peut voter le budget, place le gouvernement dans l’incapacité de payer les fonctionnaires, quand bien même cette procédure, courante aux États-Unis, n’existe pas en France. Tout juste si on ne promet pas une version bleu-blanc-rouge des dix plaies d’Égypte. Sur TF1, le 26 novembre, le Premier ministre jouait peu ou prou la carte du « c’est notre budget ou le chaos », en ne cachant pas qu’il pourrait fort recourir au 49.3 et qu’une censure aurait des conséquences dramatiques pour le pays. L’ennui est que, à tort ou à raison, nombre de Français ne voient plus vraiment ce qu’ils ont encore à perdre et l’appel aux ex-Premiers ministres pour qu’ils ré duisent leurs frais est perçu comme un geste dérisoire. Pendant ce temps, d’autres figures politiques, dont Ségolène Royal, ne se font pas prier pour rappeller qu’au cas où, elles sont prêtes et disponibles. On échappera peut-être à la peste, aux ulcères, aux eaux changées en sang, pour les sauterelles, en revanche, rien n’est moins sûr.
Elisabeth MILLELIRI