Société
UN TISSU ÉCONOMIQUE PEU FAVORABLE

Depuis le printemps 2020, avec le confinement lié à la pandémie de Covid-19, le télétravail
s’est développé. Il y a cela dit des régions qui, du fait de la structure sectorielle de leur économie,
offrent moins d’emplois compatibles avec le travail à distance que d’autres.
C’est le cas de la Corse.

En Corse, indique l’Insee, 48 100 emplois peuvent être po tentiellement exercés en télétravail*, soit 28 % des emplois salariés de la région. Soit cinq points de moins que la moyenne de France métropolitaine qui est de 33 %. La Corse se classe ainsi au dernier rang des régions françaises, derrière la Nor mandie et Bourgogne-Franche-Comté (30 %). Ce score tient au fait que l’hébergement-restauration et la construction occupent une place beaucoup plus importante dans l’emploi insulaire (respectivement 13 % et 10 %) que ce qui est observé dans l’ensemble de la France (6 % et 5 %). La plupart des métiers (serveurs, cuisiniers, employés d’hôtelle rie, ouvriers du bâtiment) n’y sont donc pas compatibles avec le télétravail comme le sont les services à haute valeur ajoutée, moins présents en Corse puisqu’ils n’y constituent que 7 % de l’emploi, deux fois moins qu’au niveau national. En revanche, dans l’administration publique et l’enseignement, qui repré sentent 18 % de l’emploi insulaire, plus de la moitié des emplois peuvent être télétravaillés. Les métiers informatisés des do maines administratifs et de gestion, très présents tant au sein des collectivités locales que dans la fonction publique d’État, se prêtent à ce mode de travail. Ces deux ensembles de services représentent la moitié des emplois compatibles avec le télé travail. Et si, dans des secteurs comme l’agriculture, l’industrie, la construction, la santé, les activités principales offrent moins de possibilités de télétravail du fait de leur nature productive ou de services directs, certains métiers de support à ces activi tés permettent de télétravailler, en particulier ceux en lien avec la gestion administrative de l’entreprise lorsque celle-ci reste internalisée comme le secrétariat. Les communautés d’agglomération du Pays ajaccien et de Bastia regroupent 57 % des emplois compatibles avec le télé travail, pour 48 % de l’emploi insulaire, en raison de leur posi tionnement sectoriel : services à haute valeur ajoutée, admi nistration publique et enseignement y représentent un tiers de l’emploi contre un quart en moyenne dans l’île. Dans la com munauté de communes du Centre Corse, 42 % des emplois sont télétravaillables ; cette proportion, qui est la plus élevée des intercommunalités corses, s’explique par la présence de l’Université de Corse à Corte. A contrario, on observe que dans sept intercommunalités, moins de 20 % des emplois sont com patibles avec le travail à distance : les communautés de com munes du Spelunca-Liamone, de l’Alta Rocca, du Sud Corse, du Nebbiu, du Taravo et du Cap Corse, où l’orientation touristique prédomine et couvre entre un quart et un tiers des emplois et l’EPCI de l’Oriente, où l’orientation agricole de l’emploi (43 % des emplois) explique la moindre possibilité de télétravailler. Il s’avère que les femmes, qui représentent 48 % des salariés sur le marché du travail insulaire, occupent 63 % des emplois télétravaillables de l’île, en raison de leur forte présence dans les métiers de l’enseignement (70 % de femmes), de la gestion administrative et du secrétariat. Les métiers télétravaillables sont aussi plus fréquemment occupés par les actifs plus âgés, davantage présents dans l’administration, l’enseignement ou les activités juridiques et comptables et dans des postes d’en cadrement plus aisément compatibles avec le télétravail. n AN * Un métier est identifié comme télétravaillable lorsque les tâches à effectuer au quotidien sont jugées compatibles avec ce mode de travail. Pour autant, il n’est pas forcément télétravaillé.