Décidément rien ne nous sera épargné.
A la lecture du décret n°2020-663 du 31 mai 2020 publié ce matin et destiné à venir traduire en droit les annonces du Premier Ministre de la semaine dernière, nous avons eu la surprise d’y découvrir des dispositions aussi surprenantes qu’incohérentes au regard de la communication gouvernementale sur la phase II du déconfinement.
Surprenantes du moins en ce qui concerne la Corse, car pour les autres régions métropolitaines, l’esprit des annonces et la lettre du décret se rejoignent pour organiser la reprise des libertés de déplacement, la réouverture des commerces et le redémarrage des activités.
Nous avons tout d’abord cru à une erreur quand justement au sujet des transports, et du transport aérien en particulier, l’article 10 du décret est venu maintenir pour les voyages entre la Corse et le Continent et vice versa, l’obligation de motiver son déplacement par une raison impérieuse, alors que cette obligation a été supprimée pour tous les échanges entre les autres régions de métropole.
Que ce soit en avion, train, voiture ou même bateau, ces déplacements sont désormais libres, c’est la règle, et la limitation ne concerne plus que nous en métropole, et c’est donc l’exception.
Cette ségrégation est à la fois liberticide pour les Corses, et totalement inéquitable pour l’accès de notre économie insulaire au redémarrage des flux touristiques qui va s’observer dès demain partout entre les régions continentales.
Comprenne qui pourra, ces même limitations Corse/Continent, et c’est d’ailleurs tant mieux, ne sont pas imposées pour les déplacements maritimes, seuls les flux aériens sont traités de manière spécifique sans raison ni même un début d’explication rationnelle.
Après avoir obtenu confirmation qu’il ne s’agit pas d’une erreur mais bien d’une volonté délibérée des autorités étatiques, il n’est donc plus question d’incohérence ni d’absurdité, mais bien d’une injustice, d’une grave injustice, lourde de sens et pleine de conséquences désastreuses pour notre économie.
Nous ne laisserons pas faire.
Quel qu’en soit le prix, cette injustice doit être combattue et nous sommes déterminés à ce combat.
Sur le terrain de la protestation directe auprès des autorités préfectorales et gouvernementales d’abord, afin qu’elles reconsidèrent rapidement cette disposition, même si le mal est fait et la destination Corse, une fois de plus, stigmatisée.
Sur le plan judiciaire ensuite, nous allons dès demain saisir nos conseils pour déférer ces limitations insupportables et infondées devant les juridictions si elles ne sont pas retirées sans délai.
Sur le plan de la réaction collective et publique enfin, et nous appellerons à une vaste manifestation pour lutter contre cette injustice qui nous isole, nous distance et donc nous condamne.
Que personne n’en doute, ici comme ailleurs, nous ne laisserons pas disqualifier l’économie de la Corse et condamner injustement les femmes et les hommes qui travaillent dur et honnêtement depuis de longues années, à la ruine par quelque autorité administrative que ce soit.